Depuis 25 ans, les pratiques d’élevage ont profondément évolué.
Les éleveurs de porcs ont investi plusieurs centaines de millions d’euros en faveur de l’environnement, bien conscients que protéger celui-ci est fondamental pour pérenniser leur activité et vivre durablement sur le territoire.
Par exemple, sur la période 2015-2021 (soit 12 appels à projet), dans le cadre du PCAEA (Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles), 1233 dossiers ont été instruits en modernisation des bâtiments, correspondant à une aide de 39,8 millions d’euros, et 272 dossiers ont été financés au titre de la rénovation et des économies d’énergie, pour un montant de 5,10 millions d’euros d’aides (UGPVB, 2021).
Aujourd’hui, l’implantation et le fonctionnement des élevages relèvent d’une réglementation exigeante.
Les éleveurs intègrent avec rigueur et professionnalisme les nouvelles normes environnementales. Ils mettent en œuvre des pratiques respectueuses de l’environnement et entendent poursuivre la démarche de progrès engagée.
L’épandage de lisier au cœur de la fertilisation raisonnée
Le lisier, engrais naturel issu des déjections des animaux, est épandu chaque année sur les cultures et les prairies appartenant aux éleveurs de porcs ou à d’autres exploitants agricoles, selon des règles strictes (doses, distances, périodes et délais d’enfouissement).
Tous les épandages réalisés sont tracés et notés sur un cahier de fertilisation consultable par les services de l’Etat.
Les éleveurs apportent ce lisier de manière raisonnée, en fonction des besoins réels des plantes cultivées.
L’épandage de lisier permet de limiter l’utilisation d’engrais minéral (chimique), plus émetteur de gaz à effet de serre que les engrais organiques. Ainsi, les volumes d’achat d’engrais minéraux ont baissé de 26% entre 1998 et 2010 (source : Observatoire des ventes d’engrais en Bretagne-2011) ce qui contribue positivement aux économies d‘énergie.
Le matériel d’épandage, de plus en plus performant, permet de limiter au maximum les pertes d’azote sous forme d’ammoniaque ainsi que les nuisances olfactives.
Evolution de l’alimentation des animaux
Aujourd’hui, plus de 95 % (Nutrinoë, 2021) des éleveurs bretons utilisent une alimentation de plus en plus précise, adaptée aux besoins physiologiques des animaux. De ce fait, un cochon consomme désormais 20 % de ressources en moins qu’il y a 30 ans (Inaporc, 2021). L’éleveur distribue ainsi 8 à 9 aliments différents, ajustés à chaque stade de la vie des animaux (Nutrinoë, 2021). C’est ce que l’on appelle l’alimentation « multiphase ». Elle permet de diminuer les rejets moyens des animaux en azote et en phosphore, respectivement de 15% et 25% comparativement à une alimentation basée sur un aliment unique (Nutrinoë, 2021).
Les performances techniques acquises en Bretagne, grâce à la spécialisation du bassin de production, les progrès génétiques et l’évolution des procédés d’élevage permettent d’atteindre des indices de consommation faibles (quantité de nourriture nécessaire pour obtenir un kilo de viande), entraînant ainsi une réduction importante des rejets à la source.
Ainsi, en dix ans, il faut 30 kg d’aliment en moins pour produire un cochon (Nutrinoë, 2021). Cela signifie moins de transport d’aliment et donc moins de camion sur la route. De plus, cette économie d’aliment associée à une baisse de leur teneur en azote entraîne une diminution des rejets d’azote de 5 % (Nutrinoë, 2021).
Pour limiter leurs déchets et valoriser des ressources non consommables par l’homme, les éleveurs font le choix de nourrir leurs porcs avec des coproduits de l’industrie agro-alimentaire (son de blé, tourteaux de colza, drèches de maïs, etc.) ou les résidus de culture.
100 % des aliments pour porcs conçus en Bretagne intègrent des coproduits céréaliers ou des tourteaux (Nutrinoë, 2021).
Evolution des pratiques culturales
Parallèlement à l’amélioration des connaissances agronomiques, les pratiques culturales ont beaucoup évolué. Par exemple, les agriculteurs renforcent la protection de la ressource en eau en plantant des bandes enherbées le long des cours d’eau – 25 000 ha en Bretagne (Inaporc, Une gestion durable des ressources, 2021) – et en couvrant systématiquement les sols en hiver avec des cultures permanentes, des Cipan (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates), des cultures dérobées, des Cive (Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique) ou des résidus de cultures pour piéger les nitrates. 121 500 km de haies arborées et arbustives, cordons boisés et alignements (Observatoire de l’Environnement en Bretagne d’après IGN, Évaluation de la biomasse bocagère en Bretagne, rapport 2018) bordent ainsi les parcelles agricoles en Bretagne et contribuent à la préservation de l’environnement.
Le programme Breizh Bocage, qui œuvre pour la restauration et la préservation du bocage en Bretagne depuis son lancement en 2007, a permis de planter plus de 5 000 km de haies dans la région jusqu’en 2019 (Région Bretagne dans le cadre du programme Breizh Bocage, Recensement des haies et talus sur une période de 6 mois, 2020)
Consommation énergétique et contribution au défi énergétique breton
L’enjeu de l’énergie est doublement important pour les éleveurs. Réduire la consommation énergétique de leurs bâtiments d’élevage permet de diminuer leur facture d’énergie et d’améliorer la performance environnementale de leurs activités.
Les investissements réalisés par les éleveurs ont permis d’économiser plus de 20 GWh par an entre 2009 et 2013 (Livret d’indicateurs ID² CRP Bretagne 2014-2015), soit l’équivalent de 20 % de la consommation annuelle de la ville de Rennes.
Les efforts des éleveurs se poursuivent aujourd’hui en ce sens. Forte de la volonté de s’engager dans les économies d’énergie, la profession a expertisé les postes de consommation et les voies de progrès. Les consommations d’énergie se font sous forme d’électricité, de fuel, de gaz ou de bois de chauffage.
Au-delà des économies d’énergie, la production porcine bretonne s’est engagée dans le défi énergétique breton à travers la production d’énergies renouvelables.
Les éleveurs s’orientent vers l’installation d’unités de méthanisation et le développement de panneaux photovoltaïques. La première unité de méthanisation a été réalisée en 2009 à la station expérimentale de Guernévez (Station expérimentale porcine de la Chambre d’Agriculture de Bretagne désormais fermée) afin de tendre vers l’autonomie énergétique et de mettre au point des méthodes compétitives pour les élevages.
La méthanisation, selon les autres pratiques d’élevages qui lui sont associées, permet une réduction moyenne des émissions de gaz à effet de serre de 25 à 49 % par revalorisation des lisiers et fumiers (Levasseur et al., 2013).
Elevage de porcs et gaz à effet de serre (ID²)
Le changement climatique est aujourd’hui un enjeu majeur planétaire qui incite chaque secteur d’activité à réduire ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Le secteur agricole est directement concerné par cette question puisqu’il est le 3ème secteur émetteur de GES au niveau national, avec 19 % des émissions en 2019 (Chambres d’Agriculture de Bretagne d’après Citepa, 2019).
En Bretagne, l’agriculture est le premier poste émetteur avec 47 % des émissions (Chambres d’Agriculture de Bretagne d’après Oreges, 2016). Les transports et le bâtiment représentent respectivement 27 % et 18 % (Chambres d’Agriculture de Bretagne d’après Oreges, 2016). 75 % de ces émissions sont liés à l’élevage, dont 10 % concernent l’élevage porcin (Chambres d’Agriculture de Bretagne d’après Citepa, 2019). Au final, les élevages de porcs bretons émettent 3,5 % de la production bretonne totale de GES.
Le bilan en GES d’un kilogramme de porc conventionnel français (porcs charcutiers et truies de réforme) aux portes de la ferme est de 2,23 kg équivalent CO2/kg de porc vif produit en 2021 (Ifip d’après Agribalyse 3.01, 2021). À titre de comparaison, une voiture produit 107 à 109 g équivalent CO2 par km parcouru (selon le type essence ou diesel) et le kilométrage moyen d’une voiture en France est de 12 200 km (Ademe, Évolution du taux moyen d’émission de CO2 en France, 2020 et Ministère de la Transition Écologique, Bilan annuel des transports en 2019 : bilan de la circulation, Novembre 2020). En une année, la voiture d’un français contribue aux émissions de GES à hauteur de 1 305 à 1 330 kg équivalent CO2 quand sa consommation annuelle de porc (pour rappel, 31,8 kg équivalent carcasse en 2019 avec un rendement carcasse de 76,5 % selon l’Ifip) ne contribue qu’à environ 93 kg équivalent CO2.
L’analyse du cycle de vie montre que le poste « alimentation » représente plus de la moitié des émissions. En effet, les productions végétales utilisées en alimentation animale nécessitent des intrants (engrais, produits phytosanitaires, …) mais également de la mécanisation (matériel agricole), des moyens de transports pour être acheminées vers les usines de transformation et vers les exploitations, ainsi que de la transformation (usine d’aliments). Tous ces postes sont dédiés à la production du porc et émettent des GES. L’alimentation animale constitue donc un levier d’action majeur pour réduire ces émissions.
Parmi les différentes possibilités, la réduction des apports protéiques dans la ration permet de diminuer de 29 à 39 % les émissions de GES en alimentation des porcs selon les méthodes d’alimentation pratiquées individuellement par les éleveurs en combinaison avec celle-ci (Garcia-Launay et al., 2013).
En tant que citoyens responsables, les éleveurs de porcs et autres professionnels de la filière ont mis en place depuis plus de 25 ans, des actions pour réduire les émissions de GES liées à leurs activités, réduisant ainsi de 16 % leurs émissions, à l’échelle nationale, entre 1999 et 2018 (Citepa, Base de données Floréal, 1990-2018).
L’amélioration des performances techniques (notamment des indices de consommation), acquises en Bretagne grâce à la spécialisation du bassin de production porcin, combinée à la réduction des valeurs alimentaires, entraînent une diminution des rejets à la source, en azote et carbone.
L’amélioration des indices de consommation des porcs a par ailleurs permis d’économiser près de 400 000 tonnes d’aliments en Bretagne entre 2010 et 2020. Cela représente une économie de 200 000 tonnes équivalent CO2 (UGPVB d’après Nutrinoë, 2021 et CRP Bretagne, Indicateurs du développement durable de la filière porcine bretonne, 2014-2015).